anonymous
2009-01-21 07:07:48 UTC
Par LeMonde.fr
mer 21 jan, 15h58
Isabelle S : La déflation n'est-elle pas le risque majeur pour l'économie française (voire européenne) ?
C'est le risque aujourd'hui de l'approfondissement de la récession qu'on connaît, en effet. Pour le moment, on n'en a pas de signes avérés : les prix continuent d'augmenter, les salaires également. Mais tous les ingrédients d'une déflation sont présents : une chute des prix des actifs, financiers d'abord, immobiliers, et probablement demain, et déjà aujourd'hui, des actifs productifs, et une hausse du chômage qui pourrait peser négativement sur les salaires.
- Que pensez-vous de l'argument selon lequel une relance par la consommation serait inefficace puisqu'elle ne ferait que favoriser les importations chinoises notamment ?
C'est un argument qui est doublement erroné. D'abord parce que même si une partie d'une relance par la consommation va bénéficier aux Allemands, aux Italiens, aux Espagnols, aux Américains ou aux Chinois, une autre partie, non négligeable, ira bénéficier directement à notre économie. Et surtout, la raison pour laquelle c'est profondément erroné, c'est qu'on est aujourd'hui dans une crise globale, à la fois engendrée et amplifiée par les interactions entre les économies, quelles qu'elles soient, et que la bonne réponse à cette crise globale, c'est une relance globale, dans laquelle une partie de notre relance partira chez les Anglais, les Allemands ou les Chinois, mais où une partie de la relance des Allemands, des Anglais ou des Chinois reviendra chez nous.
Et donc cet argument contre la relance par la consommation est un argument à la fois maladroit et inexact, qui peut même contenir en germe l'idée d'un isolationnisme qui nous entraînerait dans un schéma dont il serait très difficile de sortir ensuite.
eric : J'ai vu que la BCE semblait d'ores et déjà miser sur une reprise en 2010. Quelle est votre opinion sur ce sujet ?
Le président Hoover s'était rendu célèbre pendant la Grande dépression parce qu'il annonçait tous les mois que la reprise était au coin de la rue. Le vrai problème que pose cette déclaration de M. Trichet, c'est le fait de croire que l'histoire est écrite. Il est possible qu'il y ait une reprise en 2010, mais aujourd'hui, rien dans l'état de l'économie ou dans les décisions prises sur les plans de relance ou la politique monétaire n'est de nature à garantir qu'il y aura une reprise en 2010.
C'est reposant une analyse pertinente ?
Ca change des arguments bidons UMP ?