Non, les politiques doivent s'occuper de la vie des citoyens, les chercheurs doivent rester seuls à définir les pistes des recherches futures, à les creuser, à les évaluer ensuite. Les politiques n'ont pas compétence pour le faire, et ne savent définir que des objectifs à très court terme, si possibles rentables ou permettant d'économiser, en tout cas nuisibles à la créativité qui est le coeur même de la recherche.
En ce qui concerne la recherche (comme bien d'autres domaines), les mensonges, fausses "bonnes "nouvelles, er refus d'investir sur les seules bases intelligentes, foisonnent. Le journal Le Monde revenait ainsi sur la question (hier matin).
"Alors que, le 28 janvier toujours, M. Sarkozy promettait "un effort budgétaire massif" pour la recherche, afin de "marquer sans équivoque l'importance primordiale que nous allons attacher à son essor dans les cinq années qui viennent", dans les labos, la réalité est bien différente. Les crédits de base – ceux qui permettent de couvrir les dépenses de fonctionnement courantes, d'acheter fournitures et petits équipements, mais aussi d'amorcer de nouveaux projets de recherche – accusent une baisse moyenne, au CNRS, de 5 % à 6 %.
Pour certaines équipes, elle atteint même davantage : 10 % pour l'Institut de physiologie et biologie cellulaires de Poitiers, 12 % pour le Laboratoire d'aérologie de Toulouse, 12,5 % pour le Laboratoire de physique théorique d'Orsay, 20 % pour l'Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides de l'Observatoire de Paris, 24 % pour le Laboratoire de dynamique terrestre et planétaire de Toulouse…
Pourtant, le budget 2008 de l'enseignement supérieur et de la recherche affiche bien une hausse de 1,8 milliard d'euros. Mais, outre qu'une part substantielle de cette enveloppe est destinée à la mise en œuvre de la loi sur l'autonomie des universités, les crédits consacrés à la recherche proprement dite vont, pour l'essentiel, aux aides à la recherche privée (+390 millions d'euros pour le crédit impôt recherche) et aux financements sur projet (+130 millions d'euros pour l'Agence nationale de la recherche).
S'y ajoutent le coût des grands équipements (comme le réacteur de fusion nucléaire ITER ou le nouveau supercalculateur du CNRS), ainsi que les salaires des vacataires, désormais intégrés aux dotations de base. "La question est de savoir si les organismes ont encore les moyens de mener une politique scientifique cohérente", commente Bertrand Monthubert, président de Sauvons la recherche." Fin de citation, texte intégral :
http://pubs.lemonde.fr/RealMedia/ads/adstream_sx.ads/SCIENCES-LEMONDE/articles_sciences/exclu@x30?http://www.lemonde.fr/sciences-et-environnement/article/2008/03/04/600-patrons-de-laboratoires-sonnent-la-mobilisation-des-chercheurs_1018444_3244.html#ens_id=1018455
J'ajoute que l'histoire des sciences montre que les "profits" surviennent souvent là où on ne les attendait pas, et que les plus grandes avancées scientifiques sont celles qui profitent, oui, mais à l'humanité, pas aux entreprises d'ici ou là. Depuis des années, un directeur de labo passe plus de temps à aller chercher des financements pour ses équipes qu'à faire son travail qui est de diriger des recherches et former des chercheurs.
On s'étonne de la fuite dite "des cerveaux" ? Mais quand les chercheurs sont usés par les soucis de financements, quand seule une extrême précarité attend leurs meilleurs thésards, quand les scientifiques ne sont pas écoutés, qu'ils ne participent pas aux concertations état-entreprises une fois leurs résultats remis, quand ils sont traités comme des doux rêveurs et des bons à rien, alors il ne faut pas s'étonner qu'ils rêvent, oui, d'aller voir ailleurs si les labos peuvent travailler dans la sérénité et la responsabilité.
Sources: chercheur