Premièrement, quelques remarques :
- on accuse effectivement Israël de beaucoup de choses, mais je ne vois pas quand Israël a commis des erreurs. Israël applique une politique préméditée, ce pays commet rarement des erreurs, quand ont largué des bombes sur des quartiers densément peuplés de civils on ne va tout de même pas dire que s'il y a des morts, c'est une erreur !
- les Libanais, trahie par les réfugiés palestiniens... Je suis dubitatif. En quoi les Libanais ont-ils été trahi ? Oui, bien sûr, le comportement de certains groupes liés à l'OLP n'a pas été toujours exemplaire, mais s'il fallait appeler ça une trahison, comment nommer les actes des israéliens, des Syriens, des Jordaniens et des Égyptiens ?
Quand à l'accueil égyptien... je vais te raconter l'expérience que j'ai du point de passage de Rafah. Durant l'été 2001, le 17 juillet exactement, j'ai été victime d'un grave accident de la circulation à Gaza. Après de nombreuses péripéties, je suis allé en France. En septembre, j'étais de retour, mais par l'Égypte et Rafah parce que j'avais avec moi un ami de Gaza (les palestiniens ont l'interdiction formelle de transiter par Israël). Arrivés à l'aéroport du Caire, mon ami eu la chance d'éviter le convoi obligatoire en fourgon fermé : les palestiniens en transit n'ayant pas le droit de séjourner dans le pays, les Égyptiens leur offrent un transit en fourgon blindé, payant par-dessus le marché ! Après huit heures éprouvantes de route pour traverser, de nuit, le Sinaï, dans un taxi aussi dangereux que la route est risquée, nous sommes arrivés avant sept heures du matin devant la première porte du point de passage. Il y avait déjà une file d'attente d'environ une centaine de mètres. À huit heures, à l'ouverture du point de passage (les horaires sont fixés de manière aléatoire par l'occupant israélien qui décide de tout, des horaires et du nombre de personnes autorisées à passer chaque jour), et puisque nous étions encore du côté égyptien, j'ai sorti mon magnifique passeport de service (je travaillais alors pour le Consulat Général de France), j'ai parlé de mon état et j'ai montré mes bagages : le militaire nous a laissé passer (je n'en suis pas particulièrement fier, mais seulement ceux qui ont déjà passé des heures et des heures à des check-points, en été, en plein soleil peuvent me jeter la première pierre). Ensuite, nous sommes passés au contrôle (égyptien) des passeports. Quelques dizaines de minutes plus tard, nous arrivions avec nos passeports sur le parking, dernière étape avant le passage de la frontière. Là, j'ai découvert plusieurs dizaines de personnes, des jeunes, des vieux, des femmes enceintes, dont certains attendaient ici depuis une semaine ! J'ai eu largement le temps de discuter : les israéliens fixant un quota de passage quotidien, les places étaient limitées. Les militaires égyptiens exploitaient honteusement la situation, faisant payer afin de donner l'autorisation de monter dans le bus bondé qui ferait le passage de la frontière. Pour ce qui n'auraient pas la chance de passer, il faudrait attendre le lendemain. Absolument aucune infrastructure d'accueil n'est prévue sur le point de passage : habituellement, les hommes sont enfermés à clef dans la cafétéria, pour toute la durée de la nuit. Inutile de demander à ouvrir la porte pour aller aux toilettes, elle ne s'ouvre que le matin. Dans leur grande générosité, les Égyptiens louent de vieux cartons pour ceux qui ne veulent pas s'étendre sur le sol de béton. Les femmes sont habituellement enfermées dans la mosquée, mais il y a eu des cas où les hommes et les femmes étaient enfermés, ensemble, dans la cafétéria. J'avais appris que le bus devant nous était le dernier bus de la journée, j'essayai de discuter avec un officier. Mon ami avait recommandé de ne parler avec lui que français ou anglais, surtout pas arabe. Malheureusement, il ne comprenait ni le français, ni l'anglais. Je commençai donc à utiliser un ou deux mots d'arabe afin qu'il comprenne que j'étais blessé, que mon travail m'attendait... Lorsqu'il vit dans la poche de ma chemise que jamais de passeport, un noir, étranger, et un vert, arabe, il me considéra tout simplement comme un Arabe qui tentait de jouer au malin, commençant à s'emporter de manière dangereuse. Un homme me tira par le coude en arrière, en me disant que le dernier qui avait essayé de discuter avec un officier égyptien s'était pris son poing sur la gueule. Quelques minutes plus tard, nous voyions un « touriste » passer la frontière, sans attendre une minute. Quelques dizaines de minutes avant que le bus ne soit plein, après avoir passé des heures et des heures en plein soleil, épuisé, dégoûté, je décidais de payer 200 livres aux soldats afin que nous puissions, mon ami et moi, monter dans ce dernier bus. De ce que m'ont dit mes amis, l'accueil des Jordaniens est du même genre. Sur ce point, je peux te l'affirmer : en Palestine, l'animosité à l'encontre des Égyptiens et des Jordaniens est encore plus forte, ceux-ci se prétendant en effet des « frères » arabes...